« BINER POUR RÉDUIRE LES TRAITEME NTS CHIMIQUES »
Le binage du maïs s'intègre dans le programme de désherbage en complément des traitements phytosanitaires. Une technique qui permet aussi de booster la plante au début de sa croissance.
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JE PRATIQUE LE BINAGE SUR MAÏS DEPUIS 2009, explique Julien Cadorel. Mon premier objectif vise à réduire l'utilisation de produits phytosanitaires. » Pour ce jeune agriculteur situé entre Nantes et Rennes, cette pratique se raisonne comme un traitement intégré dans le programme de désherbage en fonction des conditions de l'année. Sa sole de maïs de 35 ha a été presque totalement binée une fois en 2015, alors qu'en 2014, il n'était passé que sur la moitié de la surface. Ce sont les conditions météorologiques qui priment. En année sèche, le binage redonne de la fraîcheur à la plante et l'aide à se développer. Par contre, en année humide, les créneaux d'intervention sont réduits et le travail superficiel du sol peut même parfois favoriser le redémarrage de la flore adventice.
« LA BINEUSE EST ÉQUIPÉE DE DEUX SYSTÈMES D'AUTOGUIDAGE »
« Nous faisons appel à la Cuma L'Avenir, à Puceul, qui fournit le tracteur et le chauffeur, ajoute-t-il. Cette Cuma dispose de deux bineuses de marque Carré en six rangs, pouvant aussi travailler sur quatre rangs pour correspondre au semoir de l'adhérent. Le rendement de travail est de 2,5 à 3 ha de l'heure selon le parcellaire. Comme le tracteur écrase toujours un peu de pieds de maïs en bout de champs lors des demi-tours, j'évite de faire biner les parcelles les plus petites ou trop en pointe. » Dans chaque interrang, la bineuse est équipée de cinq socs « pattes d'oie », dont la profondeur de travail est contrôlée par une roue de jauge. Sur les côtés, des disques protègent la culture des projections de terre et, à l'arrière, des dents découvrent les plantes arrachées pour éviter le phénomène de repiquage. La bineuse est également équipée de deux systèmes d'autoguidage complémentaires qui ajustent instantanément la position de la machine. Le premier système utilise une caméra placée dans l'axe d'un rang de maïs. Ce principe de détection optique est principalement employé au départ de la culture. Il permet un recentrage de la bineuse grâce à un vérin latéral lorsque le chauffeur s'éloigne un peu de sa trajectoire. Quand le tracteur dévie trop, une alarme retentit dans la cabine. Pour les interventions à partir du stade 7-8 feuilles, la caméra n'est plus vraiment efficace car les feuilles se rejoignent. Le guidage est alors assuré par le second système, constitué de deux palpeurs mécaniques placés de part et d'autre d'un rang. Généralement, Julien Cadorel profite aussi du binage pour réaliser un apport d'engrais localisé, sous forme de 50 unités/ha d'urée, déposé le long du rang. Le tracteur de la Cuma est équipé d'un distributeur placé sur le relevage avant. « Le binage a tendance à booster la culture, ajoute-t-il. L'apport d'engrais est alors très bénéfique, mais il ne faut pas dépasser le stade 9-10 feuilles, car au-delà, cela n'est plus vraiment valorisé. » La bineuse de la Cuma possède un système de désherbinage qui permet, dans le même passage, de traiter chimiquement une bande de vingt centimètres axée sur le rang de maïs, là où l'action mécanique est impossible. « Le principe est séduisant, souligne Julien, mais dans la pratique, c'est difficile à appliquer. Pour être efficace, il faut passer tôt le matin ou dans la soirée afin que le produit agisse correctement quand le vent est tombé. Cela laisse encore moins de créneaux disponibles et le chauffeur doit rouler moins vite pour ne pas soulever de poussières pouvant gêner l'application. J'ai essayé quelques fois mais, finalement, j'ai abandonné. »
« MOINS EFFICACE SUR LES POURTOURS »
Cette année, Julien Cadorel a réalisé un passage à 0,5 l/ha d'Elite Créato et de Bromotyl entre les stades 2-3 et 5-6 feuilles, une dose qu'il a réduite à 0,3 l/ha quand les adventices étaient moins denses, mais uniquement à l'intérieur de la parcelle. Il préfère en effet conserver la même dose sur le pourtour où le binage n'est pas toujours efficace en raison des manoeuvres.
Le tarif d'utilisation de la bineuse est déterminé en fin de campagne, selon la surface traitée et les coûts de maintenance. En 2015, la Cuma a facturé la prestation à 33,60 €/ha. Un prix qui comprend aussi le tracteur et le chauffeur. Sur certaines parcelles, les agriculteurs bénéficient d'une aide du Siaep(1) local, ramenant le prix final du passage à 23,40 €/ha.
DENIS LEHÉ.
(1) Siaep : Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable.
Le guidage est assuré soit par une caméra pour des interventions précoces sur les plantes, soit par des palpeurs mécaniques quand le maïs est plus développé. © D.L.
© D.L.
Le distributeur sur le relevage avant permet un apport localisé d'azote de 50 unités/ha. © D.L.
La houe rotative peut travailler à l'aveugle jusqu'au stade 4-6 feuilles du maïs. © D.L.
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